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Le jardin, Organisme vivant

 Est-ce un jardin, ce labour insolite au milieu d'un gazon surpris dans lequel on ne plante, avec une mentalité uniquement utilitaire, que des pommes de terre?

 Un jardin, c'est un organisme. Un organisme, c'est un être ; donc une individualité, un tout indivisible qui possède sa personnalité propre, reflet du terroir enfin révélé.

 Il est constitué d'organes différents aux fonctions variées comme respirer, digérer, sécréter, excréter, se remuer, capter... Et comme dans une société saine, ces divers organes remplissent la fonction qui leur est propre. Ils s'entraident sans cesse pour constituer d'abord l'organisme dans l'enfance de l'être, pour le maintenir ensuite en bon équilibre, enfin pour accompagner sa biographie en suscitant ses métamorphoses successives vers une finalité toujours plus affinée.

 Voilà ce qu'est un vrai jardin, cet enclos (jardin, de Jard, d'origine germanique : enclos), cette entité bien éduquée, donc bien conduite vers une fécondation toujours plus harmonieuse entre le Ciel et la Terre.

 Dans le monde physique des lois différentes de la Vie agissent, ce que ne saisit pas notre science matérialiste. Par exemple, dans le monde physique, un feu fulgurant tue l'eau fluide en l'évanouissant dans la fumée dispersée. Par contre, l'eau est victorieuse aussi, elle tue le feu, éteint les incendies.
Dans le monde de la Vie, le contraire se produit, les alchimistes d'autrefois l'ont bien compris. Notre science matérialiste, au lieu de s'en moquer, devrait les suivre. Dans la Vie, les deux ennemis du monde physique, dans la plante se marient : le feu Céleste, ce Père, et l'eau Terrestre, cette Mère.

 Mais le mariage ne peut être réussi que dans un milieu (à comprendre dans deux sens: d'abord l'endroit, mais aussi ce qui se situe entre deux polarités) qui le favorise. D'où l'instauration de paysages en agriculture par nos ancêtres, cet «élevage» (concrètement, ce qui élève, non ce qui abaisse, donc rend l'environnement plus sensible à la réceptivité des forces célestes), ainsi que des jardins ouvragés (d'ouvrer, ouvrir, mettre en valeur), ces mini paysages.

 Les paysages agricoles et les mini paysages jardiniers constituent le « milieu » indispensable au mariage harmonieux entre les forces qui ruissellent du Ciel, ce potier modelant, et celles qui émanent de la Terre, cette pâte argileuse tournante, gonflante. D'une manière inattendue, nous retrouvons ici l'organisme du début. Il nous faut maintenant donner sa caractéristique fondamentale.

 Tout organisme, quel qu'il soit, est constitué de deux polarités opposées et d'un milieu qui marie les contraires. Dans l'organisme humain, par exemple, entre la tête capteuse, cette antenne, et le ventre, ce grand transformateur, entre ce yin et ce yang, est interposée la cage thoracique. En effet, les poumons et le cœur équilibrent sans cesse les directives de la quasi-immobilité de la tête et de l'intense activité du ventre, ce qui structure, donc condense, et ce qui disperse et rayonne vers la périphérie. Résultat de cette rencontre entre les deux antagonistes : le rythme, fondement de la Vie. Il se manifeste dans les respirations et les battements de cœur successifs qui, entre eux, échangent constamment l'acquis extérieur au trésor de la transformation intérieure.

 De manière analogique, on pourrait dire ceci : les mini-paysages jardiniers sont les poumons et le cœur des jardins bien conçus. Dans ces «milieux» façonnés de toute pièce, installés entre l'atmosphère ambiante emplie de forces Célestes invisibles disponibles et le sol d'où les forces de vie, jaillissant de la Terre, se révèlent dans les hauteurs, bat de tout son cœur la plante. Sa vie se joue entre la sève brute qui monte en elle de la Terre puis l'imprègne et la respiration caressante de l'atmosphère qui descend vers elle. Cette respiration se module d'ailleurs étonnamment selon les espèces, l'agencement entre elles, l'aura des plantes qu'elle rencontre. Ceci est perceptible aux yeux avertis. Ils ont donc écrit ceci : « Les paysages font les climats ». Beaucoup en ont eu une sensation suffisamment forte pour mentionner les microclimats caractéristiques de certains lieux.

 L'importance des «milieux», de ces systèmes rythmiques constitués par les beaux jardins, est telle qu'il est indispensable, ne serait-ce qu'en première touche, d'évoquer le fonctionnement des paysages agricoles et des mini-paysages jardiniers; d'évoquer l'entraide entre les légumes et les plantes florales, entre les plantes annuelles, bisannuelles, vivaces et pérennes, entre les arbrisseaux à baies et les arbres fruitiers, entre les haies d'essences mélangées et les arbres brise-vent d'essences différentes qui régulent et marient les flux entre l'atmosphère Céleste et les vapeurs et l'eau Terrestre ; d'évoquer l'entraide entre les fleurs, ces papillons attachés et les papillons, ces fleurs libérées, entre les plantes et tous les êtres volants, entre les insectes et les oiseaux; d'évoquer aussi l'entraide entre ces envoyés des gnomes habitants des cavernes souterraines, les crapauds, prodigieux stimulateurs de la croissance végétale et tous les vers de la terre et des composts, fabricants d'humus équilibré, ainsi que toute la multiple macro et microflore et faune de la Terre, ces merveilleux cuisiniers des sols.

 

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